mercredi 11 mars 2015

La terre a tremblée

La journée s'annonçait comme un grand moment. Celui de rencontrer l'équipe de professionnels qui a prit soin de notre Tito depuis sa naissance. Notre rendez-vous est à 14h, à notre appartement. Nous décidons de se rendre au centre commercial Santa Fe, pour occuper notre princesse à Diversity. Il s'agit d'une attraction pour les jeunes de 3 à 13 ans, une ville pour enfants.Tout d'abord, en entrant, l'enfant se dirige à la banque pour se procurer ses 20 000 pesos Colombiens. Les parents ne sont pas admis, le caissier nous a demandé d'attendre notre fille à l'extérieur de la banque! Premier arrêt, le salon de beauté, Melanny paie 3000 pesos pour recevoir une manicure. Elle se dirige ensuite vers la caserne de pompiers. Elle devient pompière pour 20 minutes. Elle enfile un habit et embarque dans le camion avec d'autres compagnons. Vite, il y a le feu! Nos apprentis-pompiers quittent pour éteindre un incendie 2 rues plus loin et avec des vrais boyaux remplis d'eau à part ça! Elle a travaillé fort et reçoit un salaire. Elle a pu devenir vétérinaire (avec de vrais animaux!), caissière de supermarché, pilote d'avion, fermière, fabricatrice de chocolat, médecin en pédiatrie et plus encore! Elle a adorée l'expérience! Devenir une grande personne et essayer différents métiers lui a beaucoup plut. Nous dînons ensuite à un célèbre restaurant ici à Bogotá, le crèpes and waffles. Le menu est composé d'une multitude de choix de crêpes salées et sucrées, nous nous régalons de crêpes champignons, fromage, tomates et épinards pour terminer en beauté avec une gaufre recouverte d'arequipe (dulce de leche Colombien), accompagné de la fameuse crème glacée latine.

De retour à l'appartement, nous attendons notre visite spéciale avec impatience. La ponctualité est en général une option pour les latinos et nous le constatons à nouveau cette fois-ci avec un retard de 1h15 sur notre rendez-vous. Nous nous asseyons tous ensemble, la psychologue, la travailleuse sociale, la coordonatrice de l'orphelinat et nous. Je leur offre un café, une me dit:" oui, avec plaisir!" Oh non... Je peux pas croire que je vais devoir faire un café pour une Colombienne... C'est comme recevoir un chef à souper, c'est intimidant... "J'ai remarqué que le lait est toujours servi chaud au restaurant, es ce une pratique courante? Bien sûre, on ne peut mettre du lait froid dans un café, il ne sera plus chaud!". Je m'empresse de chauffer du lait et de faire le service à notre invitée. Elles nous brosse un portrait de notre petit prince. Il ne peut dormir sans sa doudou et sa peluche nommée Gogo, il adore jouer au soccer, il mange comme un petit oiseau (tout comme sa soeur!), il a tendance à parler plus souvent de papa, il reconnaît sa grande soeur et son grand frère et une multitudes de petits détails sur sa routine. Elles nous expliquent ensuite comment la journée de demain va se dérouler, nous conseil de rester calme et de s'attendre à n'importe quelle réaction de sa part. Rencontrer ses parents adoptifs pour la première fois, c'est tout un choc pour un petit poussin de 2 ans. La rencontre tire à sa fin quand le lustre au dessus de la table se met à bouger doucement. Nous continuons notre discussion quand il récidive sa danse en étant de plus en plus agité. Les cadres se mettent à valser de gauche à droite et le plancher devient tout à coup en mouvement. Nous sommes au onzième étage.  La tour de béton devient soudainement molle et se tord d'un côté à l'autre. Nous entendons les câbles de l’ascenseur se fracasser les uns contre les autres.  Nous nous regardons toutes en se disant, oh non, c'est pas vrai... Gilles me regarde avec un regard qui ne ment pas. Je comprends que nous vivons un tremblement de terre à Bogota, la veille de la grande rencontre avec notre fils et avec l'équipe de l'orphelinat... La gente féminine que nous sommes se jette un regard inquiet et aux aguets, prête à céder à la panique. Mon mari connaît ce regard et saisit l'occasion pour nous répéter à quelques reprises: "tranquilo". Les effets s'atténue à vitesse tortue. Ces quelques secondes m'ont paru comme le temps d'un traitement de canal chez le dentiste, c'est-à-dire, éternel. Une fois la calme revenu, nous entendons une multitude de système d'alarme se déclencher et des sirènes fusent de partout. Nos invitées se hâtent sur leur cellulaire pour transmettre la nouvelle à leur famille que tout va bien et elles s'informent sur l'état de ceux-ci. Je ne peux pas croire ce que nous venons de vivre. Je leur demande si c'est commun, ici, à Bogotá. Le dernier était en 1991. Ok, ça devait tomber sur nous... Melanny était assise sur moi et jouait à la table. Je lui ai dit:"tu vois la lampe bouger et les cadres, c'est un tremblement de terre". Elle me dit:"ah..." et continue son jeu. Ça en prend plus que ça pour l'effrayer.

Définitivement, la nature se manifeste lors de grandes occasions pour notre famille. Le jour de notre mariage, ce fût le déluge du Saguenay, entraînant de forts vents et d’abondante pluie à Québec et aujourd'hui, un séisme de magnitude 6,6 (rarissime dans la région), pour l'adoption de notre garçon. Ouain, notre vie n'est pas ordinaire...

Il est 2h30, c'est la nuit et je ne peux trouver le sommeil. Dans moins de 8 heure je serai maman à nouveau, je dois rêver...

Vétérinaire d'un jour

La fermière Colombienne

La caissière

On écoute le coeur

Médecin en pédiatrie!

2 commentaires:

  1. mais j' ai pas de mot mon coeur est rempli d, émotions !!

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  2. Mes filles me disent toujours: "Maman, c'est quand on retourne en Colombie pour aller jouer à Diversity??" Elles avaient adoré!

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